jeudi 21 mai 2020

La Tour de l'Horloge et la Chapelle Saint-Hugon

C'est dans un plus petit village du Département de l'Isère que nous débutons notre randonnée en ce jour férié de l'Ascension.
Lieudieu compte au recensement de 2017, 341 habitants et est situé dans la Bièvre.
Voici son église à l'architecture un peu différente de celle que l'on peut voir habituellement. Ou peut-être est-ce du fait de sa petite taille ?
Depuis les hauteurs, on voit les Alpes encore enneigées et deux avions semblant faire la course. C'est étrange de revoir des traces d'avions dans le ciel car ils étaient très peu nombreux ces derniers mois du fait de la pandémie.
 
En parlant d'avion, c'est le lieu d'un drame vers lequel nous nous approchons. A l'orée du bois à l'arrière plan de la photo ci-dessous, nous passons devant une stèle rendant hommage aux trois personnes décédées lors du crash de leur avion le 25 janvier 2003.
Nous quittons la route goudronnée qui commence à bien chauffer pour emprunter un chemin dans un bois.
Même s'il fait à nouveau chaud depuis le week-end dernier, le chemin s'est transformé par endroits en véritables petites mares.
C'est là que de nombreuses grenouilles semblent avoir élues domicile.
Elles arrivent des très nombreux étangs de cette immense Forêt de Bonnevaux.
Cette forêt tient le nom de l'Abbaye cistercienne de Bonnevaux établie par l'Archevêque de Vienne Gui de Bourgogne en 1117. Elle se trouvait sur la commune actuelle de Villeneuve-de-Marc. Durant la Révolution Française l'Abbaye est pillée. Elle sera vendue en 1830 comme carrière de pierres et disparu depuis cette date du paysage dauphinois. C'est dans cette forêt que l'on trouve les sources de trois rivières qui se jettent dans le Rhône : la Gère (34,5km), la Varèze (39,2km), le Dolon (33,5km).
Mais c'est surtout là que nous découvrons de très nombreux étangs, 284 ont été répertoriés même si la forêt est connue sous le nom de Forêt aux Mille Étangs. Ces étangs ont été creusés par les moines de l'Abbaye de Bonnevaux pour la pisciculture.
Voici l’Étang Roux. 
Si lors de notre dernière randonnée nous avions fait énormément de photos de coquelicots, celle-ci nous permet de faire des clichés de toute une ribambelle d'étangs tous plus paisibles les uns que les autres.
Nous quittons la forêt en nous faisant surprendre par un chien fort heureusement attaché. Il y a en effet une propriété ici que nous traversons, éloignée de toute route, que nous estimons être sans eau, téléphone, ni électricité. Des annexes semblent être en chantier. Sans doute une communauté qui décide de vivre par soi-même.
Nous voici arrivés dans le hameau de Saint-Christophe où apparaît derrière la cime des arbres la Tour de l'Horloge de Châtonnay (2 072 habitants) dressée sur la Motte Castrale du Calvaire.
 Voici le bocage dauphinois
et au loin, les Alpes.
Nous effectuons l'ascension de la Motte Castrale du Calvaire pour nous approcher de la Tour de l'Horloge (ou Tour du Calvaire).
Haute de 18,5 mètres, elle domine le village de Châtonnay. 
Elle est érigée là en 1852 et possède une horloge. Les habitants souhaitaient depuis longtemps avoir l'heure. Elle est construite à l'emplacement de l'ancien donjon du château féodal des Seigneurs de Grolée-Viriville.
Le Moulin de la Niverdière accueille des réceptions.
Nous le longeons et débutons une nouvelle ascension.
Au sommet, nous trouvons un banc à l'ombre et nous décidons de pique-niquer.
La journée est chaude, quasiment estivale !
Requinqués par notre repas, nous voici repartis.
Ces deux vaches semblent être sur le point de tomber dans le vide.
Ici, quelques parcelles de vignes semblent avoir été plantées récemment. Nous ne savons pas quel vin peut être conçu ici.
Notre chemin traverse à nouveau une ferme comme nous pensions ne plus en voir ou plutôt comme nous pouvions en voir enfant. Tout le décor est là : les poules et les coqs en liberté, des potagers, des vignes, des vieilles granges, des étables, de la paille sur le sol mélangée à des bouses de vaches, des baignoires servant d'abreuvoir, des carcasses de vieilles voitures de toutes époques, des tracteurs de tous modèles, du matériel agricole plus ou moins récent, des rideaux pour empêcher les mouches d'entrer dans la maison, des rubans attrape-mouches, les salopettes bleues qui sèchent sur les fils de l'étendage, des pots au lait, la cage de fromages hissée tout en haut de la façade de la ferme, le son de la télévision qui sort de la cuisine, des chèvres... 
C'est un véritable grand saut en arrière que nous faisons ici avec une bonne odeur de campagne et de verdure : on adore. En voici une photo satellite.
 Des maisons sont en ruines et n'attendent qu'à être restaurées.
 Admirez ici la charpente de celle-ci.
Très peu de coquelicots dans ce coin de l'Isère mais nous trouvons un champ de bleuets.
 Entre les flèches, se dresse un centenaire : le chêne de Saint-Hugon.
Voici de plus près ce vénérable ancêtre qui semble toutefois avoir quelque peu souffert.
Dans un coin très paisible se trouve la Source de Saint-Hugon et la Chapelle de Saint-Hugon.
Commençons par vous expliquer qui est Saint-Hugon.
De son vrai nom Hugues de Châteauneuf (1120 - 1194) il est d'abord Moine à l'Abbaye du Miroir en Bourgogne qu'il quitte en 1161 pour devenir l'Abbé de Léoncel dans la Drôme. En 1169, il est Abbé à l'Abbaye de Bonnevaux et prend le nom de Hugues de Bonnevaux. C'est un homme important puisqu'il parvient à réconcilier le Pape Alexandre III (1105 - 1181), Pape de 1159 à 1181, à l'Empereur Frédéric Ier (1122 - 1190) dit Frédéric Barberousse, Empereur Romain Germanique, Roi des Romains, Roi d'Italie, Duc de Souabe, Duc d'Alsace, Comte Palatin de Bourgogne (il n'avait pas la grosse tête avec tous ces titres ?) de 1147 à 1190.
L'Abbé est reconnu Saint sous le nom d'Hugon. A sa mort, il est enterré à l'Abbaye de Bonnevaux jusqu'en 1567 où des hérétiques saccagèrent les reliques des Saints. Les moines décidèrent de déposer ses reliques dans un sarcophage. Il fut transféré au lieu-dit les Monts où nous nous trouvons actuellement et où se dressait une petite chapelle dès le XIIe siècle car Saint-Hugon aimait à venir méditer près de la source, qui n'a pas une goutte d'eau lors de notre passage.
Les reliques du Saint furent transférées dans une chapelle rénovée en 1743.
En 1944, des familles firent le serment de faire édifier une nouvelle chapelle car celle de 1743 tombait en ruines. Ce fut chose faite dans les années 60 dans un style très moderne et dans un matériau appelé à perdurer dans le temps : le béton. L'Autel est constitué par des pierres de la vieille chapelle.
Selon les croyances, Saint-Hugon aurait le pouvoir, en le priant, de faire pleuvoir. En période de sécheresse, les habitants de Châtonnay n'hésitaient pas à marcher 9 kilomètres pour venir prier Saint-Hugon de leur envoyer la pluie. La légende dit que certains étaient tellement sûrs que la pluie arriverait après leurs prières qu'ils se rendaient à la chapelle avec des parapluies pour éviter de se mouiller sur le chemin du retour.
Après nous être trompés de direction, nous terminons notre route
en croisant... un serpent. Celui-ci est tout autant effrayé de notre apparition que nous de la sienne.

1 commentaire:

plou a dit…

L'Isère vous inspire encore pas très loin de chez nous