Barack, David, Frédéric et moi

Frédéric et moi marchons en direction de la porte fenêtre du balcon de l'Hôtel de Ville de Montréal, là où 45 ans plus tôt le Général De Gaulle lançait aux Québécois son "Vive le Québec libre !"

Nous venons de terminer un merveilleux repas en compagnie de Barack et de sa charmante épouse Michelle.
Les époux Obama sont vraiment très gentils et ils ont tenu à nous faire déguster les plats qu'ils avaient mangé lors du dîner de l'investiture de Barack à savoir une succulente soupe de fruits de mer, suivie par un faisan et un canard accompagnés de patates douces et d'un chutney aux cerises.
En dessert nous découvrons le gâteau à la pomme cannelle accompagné d'une boule de glace.
Un Sauvignon blanc, un Pinot noir venaient arroser ces mets.
Seule ombre au tableau, le champagne californien servi au dessert.
Mais nous n'avions pas envie de contrarier nos nouveaux amis en leur réclamant du champagne français.
Alors que nous nous approchons du balcon, nous entendons le bruit d'une foule en délire.
Plus nos pas nous rapprochent de l'extérieur, plus le bruit est intense.
Frédéric et moi échangeons un regard.
Nous avons le trac.
Barack s'est aperçu de la situation, assez inhabituelle pour nous et nous rassure en nous disant que nous allons vivre un grand moment.
Barack accède le premier au balcon de l'Hôtel de Ville et nous lui emboitons le pas.
La liesse populaire se fait encore plus grande et nous envahit littéralement.
Nos cœurs battent très vite.
Nous osons regarder par delà les rambardes et nous découvrons une véritable marée humaine à nos pieds.
Des drapeaux français et américains sont agités de toute part.
Des caméras de télévision du monde entier sont braquées sur nous.
Je me rapproche de Frédéric, car nous sommes tous les deux pris de panique, face à une telle agitation.
Soudain, nous entendons nos prénoms, avec un accent américain, scandés par la foule : "Frédéric, Raphaël, Frédéric, Raphaël..."
Barack s'approche du micro et annonce à son peuple : "Les voici !"
Face à une déferlante d'applaudissements et de vivas, nous nous mettons alors à saluer tous ces gens venus là pour nous acclamer.
Nous sommes émus par tous ces gens, si différents, mais représentant tous les Humains de la planète.
Frédéric et moi, ne comprenons toujours pas, ce que nous faisons ici, ce que nous avons fait à ces gens pour qu'ils soient si heureux.
Mais après tout, pourquoi ne pas participer à cette joie universelle ?
Frédéric a lu dans mes pensées et c'est ensemble que nous nous approchons du micro en énonçant quelques  mots : "NOUS AIMONS L’HUMANITÉ TOUTE ENTIÈRE ET NE VOYONS AUCUNE DIFFÉRENCE ENTRE VOUS TOUS.
VOUS ÊTES TOUS PEUPLE DE LA TERRE.
NOUS VOUS AIMONS !"

La foule laisse à nouveau éclater sa joie, tout le monde s'embrasse, même les ennemis d'hier.
Il semblerait que la Paix Universelle ait été déclarée.

Après avoir longuement salué nos semblables, nous prenons dorénavant l'exercice de manière très sympathique, nous rentrons à l'intérieur de l'Hôtel de Ville.
Là, ce sont les Chefs d’États du monde entier, avec en tête le Secrétaire Général de l'ONU Ban Ki Moon ,qui nous applaudissent.
Mais une étrangeté attire mon regard : parmi tous ces leaders du monde, un homme se trouve ici en jeans et en tee-shirt.
Je montre ma découverte à Frédéric qui trouve lui aussi cela bizarre.
Je me permets alors de demander à l'un des nos conseillers qui est cet homme.
Il nous répond que c'est le Premier Ministre britannique David Cameron !
Mais je connais David Cameron et l'homme que nous avons sous les yeux n'est pas du tout celui qu'il prétend être !
Qui est cet homme ?
Alors que je me dirige rapidement vers lui, une sonnerie retentit et je me retrouve soudainement ... dans mon lit !