lundi 1 mai 2023

Orangea

Cet endroit paradisiaque au sable blanc, aux eaux turquoises a été décrit en 1886 par le Docteur Bonain, Médecin Major de la Marine Française comme un des sites les plus agréables de la Baie de Diego Suarez. Ses supérieurs quant à eux, se fichaient pas mal de la beauté des lieux et ils y voyaient plutôt un point stratégique pour installer un camp militaire expulsant les Antalaotra, gens de la mer, qui commerçaient avec le Nord de Madagascar, mais également à bord des boutres du style de celle que nous avons empruntées, avec Oman, l'Inde, Zanzibar ou Mayotte. 
Le camp militaire prend le nom d'Orangea, le Nez de Sable et débute sa construction en 1892. 
Les travaux ne cesseront jamais car les progrès en armement et en défense feront qu'il sera toujours nécessaire de moderniser Orangea. L'armée du Régime de Vichy contrôlant Madagascar durant la Seconde Guerre Mondiale ne résistera pas lors de l'opération d'invasion Britannique Ironclad lancée du 5 mai au 8 novembre 1942. Le Royaume-Uni, la Rhodésie du Sud, l'Afrique Orientale Britannique, l'Australie, l'Union d'Afrique du Sud ont alors affronté les armées du Régime de Vichy et leurs alliés sur place venant de l'Empire du Japon. Les Alliés craignaient en effet que Madagascar ne devienne un avant-poste pour les troupes Nazies et Japonaises pour attaquer l'Inde. Le Régime Nazi avait d'ailleurs idée de déporter sur l'île 4 000 000 de Juifs, projet qui sera remplacé par un autre encore plus tragique. Mais revenons à Madagascar. Le 26 juin 1960, Madagascar devient indépendante sous la Présidence de Philibert Tsiranana (1959-1972). La France reste en réalité aux commandes même durant l'accès au pouvoir du Général Gabriel Ramananstoa (1972-1975) puis du Colonel Richard Ratsimandrava (1975). La France quitte alors définitivement le pays qui devient une République Démocratique avec un régime communiste proche de l'U.R.S.S. avec le Président Didier Ratsiraka surnommé l'Amiral Rouge (1975-1991). 
Si l'armée française quitte le territoire malgache, ses installations sont toujours visibles. Pour combien de temps encore ? Les ruines de ces installations sont en effet dans un état déplorable. 
Voici la Batterie du Phare où il reste quelques canons.
A l'arrière plan c'est le Phare du Cap Miné.
Ce promontoire permet en effet d'avoir un contrôle sur les navires qui se dirigeraient vers la Baie de Diego Suarez en provenance de l'Océan Indien. La Mer d'Emeraude est visible d'ici aussi.
Nous ne pouvons pas traverser à travers le terrain du Phare du Cap Miné 
et nous devons faire un grand détour sous une chaleur de plomb et sur des chemins décaissés par les quelques véhicules qui s'aventurent là.
Le camp est immense avec la Batterie du Champ de Tir, le Fort d'Ankorika, le Fort du Mamelon Vert, la Batterie Anglaise, la Batterie de Bellevue, la Batterie de la Pointe de l'Aigle, la Batterie du Glacis, la Batterie du Cap Miné, la Batterie du Phare, la Batterie du Poste Optique, la Batterie de la Baie des Boutres ainsi que cinq abris. 
Orangea accueille également des bâtiments plus imposants, telle l'infirmerie, les cuisines, la station radio, le poste optique, des logements pour les troupes et d'autres encore plus imposant pour les gradés.
Orangea accueille aujourd'hui un avant-poste de l'armée malgache qui se résume à trois ou quatre soldats, à un petit poste de contrôle, à une guérite, à une barrière qui porte le nom de la présence française de la Septième Batterie du Régiment d'Artillerie anti-aérienne. Cette présence nous fait dépenser 20 000 Ar (4€) de "droit de passage". Nous avons même un ticket "officiel" signé par l'Adjudant Major Jean-Luc Mandafat, Chef du 1er Peloton Orangea prouvant le versement de cette "cotisation" réclamée aux vazahas. 
A nos pieds, nous trouvons encore une trace de l'héritage français avec cette borne kilométrique.
Si nous avons croisé rarement du monde durant notre randonnée, nous allons changer complètement d'ambiance à notre retour à Ramena...

1 commentaire:

Annie a dit…

et payant !!!!!!!!!!!!!!