mardi 2 mai 2023

Lundi de Pâques à la plage

Victorine nous parlait depuis quelques jours que les Fêtes de Pâques sont très suivies à Madagascar. Le pays compte environ la moitié de sa population de religion chrétienne, viennent ensuite les musulmans puis les autres religions. A Antsiranana, les chrétiens sont presque aussi nombreux que les musulmans mais tout ce petit monde semble vivre en parfaite harmonie. Nous avions du mal à croire Victorine qui nous disait qu'il allait y avoir beaucoup de monde sur la plage pour célébrer Pâques car à chacune des plages où nous sommes allés, c'était au contraire très calme.
Mais à Ramena, tout change. Il y a du monde partout même s'il y en a moins que certaines années. En effet, nous sommes encore en pleine période du Ramadan et les musulmans ne sont pas là.

Les familles, les amis ont pris l'habitude de se retrouver ici et de faire la fête. Pour la plupart, ils ont épargné une année durant pour leur permettre de venir passer un bon moment sur la plage. Venir ici a en effet un coût car il faut pouvoir s'offrir les services d'un tchouk tchouk, d'un taxi brousse. Beaucoup ont apporté leurs nourritures mais pour ceux qui ont un peu plus économisé, des paillottes proposent de la nourriture en majorité du poisson. Quelques DJ's ont investi les paillottes et c'est à qui fera le plus de bruit. La fête bat son plein. Nous sommes tout heureux lorsque Victorine nous propose d'entrer dans l'une des paillottes pour manger et surtout pour nous mettre à l'ombre. La chaleur est suffocante et nous redescendons enfin en température sous les toits de palmes.
Nous sommes les seuls vazahas du coin ce qui attire la convoitise de nombreuses femmes qui proposent leur service. Nous n'allons pas vous faire un dessin, la prostitution est très présente à Antsiranana et nous en seront témoins. Les femmes et souvent de très jeunes filles, imaginent pouvoir gagner de l'argent facilement en se vendant aux vazahas et rêvent même que ces derniers les ramènent dans leur pays. Le tourisme sexuel que nous condamnons fermement est une réalité dans cette ville mais ailleurs sans doute à Madagascar même si officiellement il est interdit depuis 2008. Elles essaieront d'attirer nos regards sans recevoir le moindre signe de notre part. Si la plupart laisse tomber, une ou deux restent insistantes mais nous les ignorons.
Nous profitons de la musique diffusée sur d'énormes enceintes, interrompue par les nombreuses coupures de courant qui interviennent à Madagascar. 
Pour le repas, nous ne pourrons pas faire plus frais et nous n'aurons aucun problème de conservation des aliments puisqu'on nous propose du crabe... que l'on va pêcher en direct dans l'Océan Indien. 
Quelques crudités viennent accompagner le plat ainsi que l'incontournable riz. Il est rare que nous buvions du soda en mangeant mais le coca-cola étant réputé pour d'éventuels problèmes de digestion, nous optons pour cette boisson ou plutôt pour sa version malgache car nous ne verrons aucune bouteille de la célèbre marque. Ici, on boit du World Cola marque nous venant du Gabon.

Nous passons un super moment avec Victorine que nous apprenons de mieux en mieux à connaître.
Nous rentrons en taxi brousse et nous nous asseyons sur le siège passager du véhicule. Je participerai à la conduite puisqu'à deux arrêts, le chauffeur me demande de mettre le pied sur le frein durant le déchargement de bagages de passagers. Le frein à mains est inexistant, je m'exécute donc à ma plus grande surprise. Tout peut arriver à Madagascar !
Nous rejoignons la gare des taxis brousse en croisant les tchouk tchouk toujours plus nombreux.
Nous continuons la route jusque chez les sœurs à pieds en traversant le rond-point de la Place du 14 Octobre.
Une statue d'une femme trône à quelques pas, c'est la Statue de la Femme du 8 Mars. La journée internationale de la femme est importante sur l'île puisque c'est un jour férié.
Du fait du Lundi de Pâques et du Ramadan, les rues sont désertes.
Nous voici maintenant à Lapan'ny Tanana, l'Hôtel de Ville. 
Sur la place, trône le buste du premier Président de la République, Philibert Tsiranana (1910-1978) à la tête du pays de 1958 à 1972.
Nous voici de retour chez nos sœurs,
où nous ne rêvons que d'une chose, une douche.
Le débit étant perturbé, comme nous avons pu le faire dans d'autres voyages, nous nous organisons avec notre seau et notre baquet pour nous laver en compagnie de notre tout petit gecko. Ils adorent l'humidité et dévorent les moustiques. Ils sont donc nos alliés. 
Nous terminons notre journée par des brochettes de zébu accompagné de riz.
Partout en ville rodent des chiens sauvages et même si nous aimons beaucoup les animaux, nous nous abstenons de tout contact avec eux. Laissés livrés à eux-mêmes ils sont vecteurs de maladies et nous avons été prévenus de nous en tenir éloignés. Dans les rues, ils auront d'ailleurs tendance à nous suivre en meutes à notre grand désarroi. Si leur situation peut apparaître difficile pour nous autres occidentaux habitués à choyer nos animaux, beaucoup de malgaches ne comprennent pas nos relations avec nos animaux domestiques et leur point de vue est en effet compréhensible vis-à-vis de ce qu'il vive dans leur quotidien qui est loin de tout ce qu'on peut imaginer.
Demain, nous quittons temporairement Antsiranana et seront confrontés encore plus à cette réalité malgache...

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