jeudi 13 mai 2021

La boucle de l'Abbaye Notre-Dame-de-Chalais

Malgré quelques nuages, en ce jour férié, nous décidons de partir randonner dans la Chartreuse Occidentale, juste au-dessus de Voreppe (9 441 habitants) dans le Département de l'Isère.
Atteindre l'Abbaye Notre-Dame-de-Chalais se fait par une toute petite route sinueuse  qui ne cesse de monter. Les intempéries de ces dernières journées ont trainé de l'eau, de la terre, des branches et des cailloux. 
Garés près de l'Abbaye dont nous vous parlerons plus tard, nous sommes accueillis par cette statue nous informant que nous nous trouvons sur des terres appartenant à l'Ordo Fratrum Praedicatorum que nous connaissons sous le nom de l'Ordre Dominicain créé en 1215.

Même sans notre carte, nous aurions trouvé notre chemin car les itinéraires sont très bien indiqués et balisés. Le nôtre doit nous mener à Mont-Saint-Martin.

Le parc de l'Abbaye accueille des arbres dont la croissance est plus que tortueuse et l'on se demande bien comment celui-ci a pris cette forme ?

Les chemins sont détrempés mais comment ne pourraient-ils pas l'être avec toute l'eau que la région a reçue ces derniers jours 

D'ailleurs, une petite bruine commence à tomber mais comme nous sommes équipés, cela ne nous empêche pas de marcher.
Déjà, nous nous éloignons de l'Abbaye que nous apercevons au loin. Au-dessus, la neige fait son apparition sur les plus hautes montagnes. D'ailleurs, l'application météo de mon smartphone nous informe qu'il neige à l'antenne relais où il a borné.
La neige restera en altitude et la pluie prend fin sans la revoir de la journée.
Nous voici face à l'une des difficultés de notre randonnée : la cheminée de Saint-Martin.
Pour les non initiés, une cheminée est un couloir étroit entre deux falaises qui permet d'aller du pied au sommet ou inversement.  La nôtre se fait dans le sens de la montée et je pense que c'est plus sage étant donné la présence de boue glissante. Elle a été sécurisée par une main courante, voir dans certains passages plus délicats, par deux.
L'ascension se fait tout tranquillement.
Elle nous permet de découvrir de jolies petites fleurs poussant dans la roche,
mais également d'admirer le paysage et le ciel qui s'éclaircit de plus en plus.
Au sommet, dans la clairière, ce cairn semble tenir comme par magie. Il suffit d'un rien pour que tout s'écroule. Nous mangeons une barre de figue sans oser respirer.
Nous réalisons que ces différents confinements nous ont privé de la couleur verte et que nous sommes en manque de chlorophylle. Grâce aux nombreux charmes, aux sapins, aux autres arbres et aux prés, nous nous sentons ragaillardis et de nouveau en harmonie avec cette belle nature.
Tandis que j'emmagasine toute cette verdure sur la carte mémoire de mon appareil photo, Frédéric me fait signe de la main de ne plus bouger. Chic, chic, dans cette situation, je sais que je vais me retrouver nez à nez avec un zoli p'tit zanimal ! Et pas manqué, nous sommes face à une gracieuse biche. Forcément, si nous l'avons vue, elle aussi ! Elle est à l'affût du moindre de nos mouvements et c'est sans doute au moment où j'ai voulu prendre ma photo qu'elle s'est volatilisée.
Vous n'aurez donc droit qu'à ce cliché.
Si l'eau venue du ciel nous laisse tranquille, nous la croisons à nouveau d'abord dans ce charmant bassin de montagne
puis en longeant le ruisseau de Lanfrey.
Le village de Mont-Saint-Martin est tout petit mais niché dans un très joli cadre. Il ne compte que 80 habitants.
Il se résume à quelques maisons, une église et une mairie accolée à l'édifice religieux.
Sur la façade de la mairie a été placé un cadran solaire.
Alors que nous poursuivons notre marche le long du ruisseau, une odeur d'ail envahit nos narines (nous sentons encore ce parfum). Elle provient de ces centaines de pieds d'ail des ours qui revient à la mode. Cela nous ouvre l'appétit.
Grâce au tracé de notre randonnée, nous évitons les rares routes et coupons les virages.
A cet endroit, là où le chemin se resserre, nous croisons deux randonneurs qui portera à trois le nombre d'humains que nous verrons. 
Il est temps de faire une pause et de manger le pique-nique préparé ce matin avant notre départ.
Le soleil semble vouloir rester et illumine les feuilles des arbres.
Notre marche reprend et nous croisons un autre animal qui ne semble pourtant pas être local. Si nous vous disons que nous avons marché à quelques centimètres d'un crocodile, vous n'allez pas nous croire ? 
Et pourtant le voici.
Nous l'avouons, ce n'est pas un vrai mais il est assez ressemblant. Un artiste d'un jour a utilisé ce tronc ouvert qui semble être une bouche béante armée de menaçantes dents avec les yeux du crocodile dessus.
Peu à peu, notre boucle prend fin et nous nous rapprochons de l'Abbaye Notre-Dame-de-Chalais.
C'est l'Evêque de Grenoble, Hugues de Châteauneuf (1053-1132) qui fait construire à Chalais une maison pour accueillir des Moines en 1101. La maison devint une Abbaye en 1124. En 1303, les Chartreux, très puissants dans la région, prennent possession de l'Abbaye Notre-Dame-de-Chalais. Elle est pillée par les Huguenots en 1562. Les Chartreux décidèrent en 1582, d'en faire une maison pour les vieillards malades. La Révolution Française chasse les Moines en 1790 et les bâtiments furent transformés en granges. Le Père Henri-Dominique Lacordaire (1802-1861) rachète l'Abbaye en 1844 pour y installer des Frères Dominicains. Plus de 50 ans après la Révolution, des religieux réintègrent l'endroit mais ils seront expulsés en 1880. L'Abbaye est alors rachetée par de riches industriels grenoblois qui la laisse à l'abandon. 81 ans plus tard, les Moniales dominicaines d'Oullins (Rhône) rachètent l'Abbaye pour s'y installer et elles y sont encore.
Si la partie gauche est une construction récente,
l'église date elle de l'époque des Chartreux. 
L'imposant bâtiment à gauche de l'église possède deux cadrans solaires. Si vous êtes attentifs à la photo suivante, vous les verrez.
A droite de l'église, il y a un petit cimetière. Sans doute les religieuses y sont-elles enterrées. Une tombe récente est d'ailleurs visible.
L'Abbaye a également un potager et un agréable jardin.
Il est possible de venir faire une retraite dans ces lieux paisibles en respectant les règles des Moniales dominicaines.
L'intérieur de l'église est très impressionnante et étrangement, il y fait très chaud. Nous nous faisons d'ailleurs la remarque à voix haute car nous pensions être seuls. C'était sans compter la présence d'une sœur qui nous a annoncé l'heure de la prochaine Messe. 
Cette apparition nous freine net dans la prise de photos mais je ne résiste pas à prendre un cliché de la place de l'Ange car ici aussi, les gestes barrières sont de mises. Nous avons d'ailleurs pensé à mettre nos masques avant d'entrer.
Les sœurs ont ouvert ici une biscuiterie dès 1961. Nous achetons un paquet des Biscuits de Chalais.
Il fait tellement beau que nous décidons de pousser encore un peu plus notre randonnée, 
(nous totaliserons 17,8 kilomètres) vers le Belvédère de Bellevue qui nous offre un panorama à couper le souffle ! L'Isère contourne les montagnes.
Au loin, au-dessus de Grenoble les sommets sont encore bien enneigés.
Dans la plaine, au milieu des champs, un carré de verdure abrite un château.
Sur notre gauche, vous pouvez voir la Cheminée de Saint-Martin par laquelle nous sommes montés quelques heures plus tôt.
Il est temps de goûter aux biscuits secs et de rentrer à la maison.
Nous serons d'ailleurs accueillis... par un orage et par la pluie !

2 commentaires:

plou a dit…

Une bonne rando ...

Annie a dit…

belle promenade ! comme c'est vert !!!!