lundi 21 septembre 2020

Les Gorges et le Trou de l'Abîme

 Nous ne sommes qu'à 1h30 de route de Saint-Claude (9 279 habitants) dans le Jura, c'est donc assez rapidement que nous arrivons dans la commune pour acheter notre pique-nique de la randonnée prévue aujourd'hui.

La ville est fondée autour d'une abbaye au Ve siècle par un Moine et un Abbé, Romain et Lupicin.  La ville est alors nommée Condat puis prend le nom de Saint-Oyend-de-Joux en hommage à un moine très aimé de l'abbaye, l'Abbé Oyand. Un autre moine prend de l'importance pour la population , l'Abbé Claude. Ce dernier décède le 6 juin 699. Son corps est retrouvé parfaitement conservé en 1160. Les villageois crient au miracle et renomment leur cité Saint-Oyend-Saint-Claude. Le Roi Louis XI adorant Saint-Claude et séjournant à trois reprises dans la ville décide de la nommer définitivement Saint-Claude.

La ville perdra son nom durant la Révolution Française pour celui de Condat-Montagne mais retrouvera son appellation Saint-Claude après cette période chaotique.

Saint- Claude ne cesse de perdre des habitants depuis le milieu des années 70. 

Spécialisée dans la fabrication d'objets en bois, Saint-Claude est la capitale de la pipe, il y avait également des industries de tailles de pierres précieuses et surtout de plasturgie. De nombreuses barres H.L.M.  construites sans doute pour abriter tous les employés de ces industries viennent gâcher le paysage de ce beau Jura des forêts.

Nous débutons notre randonnée pour partir à l'assaut de l'une de ces forêts en nous engageant sur les chemins glissants des Gorges de l'Abîme. Ces gorges ont été creusées par la force du torrent l'Abîme dont le niveau varie selon les saisons. 


 

Lors de notre passage, il était plutôt faible malgré une humidité très présente. Elle est visible par les pierres qui suintent d'humidité mais également par la mousse qui enveloppe pierres et végétation.

On se rend compte également de l'humidité par la présence d'une sorte de brouillard venant poser un genre de filtre sur nos photos mais surtout rendant notre peau très moite.


A certains endroits, l'Abîme crée des marmites de différentes tailles, tantôt remplies d'eau, tantôt complètement vides. Sur la deuxième photo, c'est la Marmite des Géants.

Voici une grotte derrière des lianes.

La nature semble ici avoir construit un escalier pour nous permettre de grimper plus facilement mais nous savons bien qu'avec une telle humidité, ces escaliers naturels sont en réalité de vrais dangers pour les randonneurs car les racines sont extrêmement glissantes.


Le soleil parvient à nous réchauffer avec ses rayons qui s'amusent à passer entre les arbres de la forêt donnant une impression de bien-être, de contemplation.


L'humidité ne cesse de se renforcer nous donnant l'impression d'être de retour en Malaisie !


Nous voici arrivés devant un phénomène naturel resté longtemps sans explication : le Trou de l'Abîme.

A première vue, il n'a rien d'exceptionnel et on dirait plutôt une grande serve (une mare pour ceux qui ne connaissent pas ce nom régional) recouverte de feuilles.


Et pourtant, ce Trou de l'Abîme cache un secret qui commence par la disparition d'un homme, Jean Reffay en 1854. L'homme, alors qu'il coupe du bois près de la serve tombe à l'eau. Son corps ne remonta jamais à la surface effrayant les habitants qui ne comprenaient pas pourquoi. La population se mit même à raconter qu'un attelage entier de bœufs fut également englouti au fond du Trou de l'Abîme. Il faut attendre 1961 pour que deux plongeurs, Michel Letrone et Max Martin pénétrent dans ce trou. Des troncs d'arbres furent enlevés, pas de traces de bœufs, nulle information sur le corps de Jean Reffay et les deux plongeurs découvrent alors que le trou est profond de 45 mètres soit l'équivalent d'un immeuble de 17 étages ! Mais la découverte n'est pas terminée puisqu'ils remarquent que le courant sort du trou et n'aspire donc pas vers le fond. L'eau sort donc des profondeurs. En 1979, Robert Le Pennec et Christian Locatelli plongent à leur tour et trouvent au fond du gouffre, à 47 mètres de profondeur une galerie qui part à l'horizontal avant de remonter. En 1980, Olivier Isler nage 225 mètres dans cette galerie avant de déboucher dans une cavité non-noyée. Philippe Schneider et Cyril Brand arrivent un peu plus loin dans une autre salle non-noyée. Ce ne sont pas moins de 667 mètres de galeries souterraines dont 345 mètres noyés qui sont découverts entre 1981 et 1993.

De nos jours, spéléologues et plongeurs continuent leurs explorations. Nous en sommes témoins puisque nous rencontrons une poignée de ces hommes venus installer leur matériel.

Jamais nous n'aurions imaginer croiser en randonnée, des hommes en tenue de plongée en plein milieu du Jura et pourtant...

Nous quittons les profondeurs pour prendre énormément d'altitude en débutant maintenant la randonnée la plus difficile que nous n'ayons jamais faite...

1 commentaire:

plou a dit…

Pas encore de monde souterrain pour vous deux ?