Edmond Thomas (1926 - 2016)

Seules les personnes connues ont les honneurs des médias lors de leurs décès.
Je me suis toujours promis avec notre blog, de rendre justice à nos proches, inconnus pour la majorité, mais membres de nos familles et de nos amis respectifs, pour qu'eux aussi n'aient pas le droit à l'oubli.
Leurs traces resteront à jamais inscrites pour l'éternité dans nos cœurs et nos mémoires, mais également à la lecture de toutes et tous, ici ou ailleurs grâce à notre blog.
Nous espérons rédiger ce genre de billet le moins souvent possible et pourtant, la vie nous rattrape aujourd'hui tristement à sa dure réalité.

Tonton Edmond malgré son appellation n'était pas mon oncle direct, mais celui de ma maman, donc en réalité mon grand-oncle, mais Grand-Tonton Edmond, ça le faisait pas !
Tatie Jacqueline t'avait épousé après sa séparation avec un autre "Tonton" que la génération de ma sœur et de moi n'avions pas connu. Tu étais donc pour nous, notre Tonton Edmond.
Même si ta grande culture faisait de toi "Monsieur je sais tout" et que cela pouvait énerver, nous, nous aimions t'entendre raconter tes histoires qui nous faisaient tellement pouffer de rire ma sœur et moi.
Il faut dire que tu étais un sacré personnage.
Retraité de bonne heure, outre Tatie Jacqueline, tu as cohabité avec Pépé Vizioz et Tatie Marie-France dans cette grande maison de Villard-Noir.
Aujourd'hui je peux te l'avouer, mais je pense que tu le savais, Pépé Vizioz coupait son sonotone à table lorsque tu commençais à raconter tes histoires qu'il devait connaitre par cœur.
Tu étais passionné par la philatélie et tu passais des heures enfermés dans ton grand bureau à les classer, les enregistrer, les admirer. Tu étais une référence dans ce domaine et tu connaissais chacune des pièces de ton immense collection. Tu aimais à nous les faire découvrir et tu pouvais nous raconter chacune de leurs histoires. Le dernier souvenir d'un récit de timbre était avec Frédéric lorsque nous étions venus vous voir pour nous rendre au ski. Tu nous avais parlé d'une montagne que tu nous montrais aussitôt représenté sur un timbre et tu nous avais alors fait le récit de l'Histoire de la région de Pontcharra que tu affectionnais tant.
Originaire de l'Isère, ton accent inimitable mais tellement charmant va beaucoup nous manquer.
Nous avons la chance d'avoir un ami à nous qui possède le même accent et chaque fois que nous l'entendrons parler, nous penserons à toi. D'ailleurs grâce à toi nous lui avons donné le surnom de Tonton 38.
Nous penserons à toi et à toutes ces histoires de ta jeunesse, à toutes ces histoires de Zouaves car oui, tu étais un Zouave et tu en étais fier. Tu as d'ailleurs pendant longtemps retrouvé tes amis Zouaves à l'occasion de voyages.

Élodie et moi nous souviendrons toute notre vie de tes histoires comme toi seul pouvait les raconter et nous les faire vivre comme si cela se passait réellement.
La plus inoubliable, tu nous l'avais raconté à table. C'était un pauvre malheureux qui avait mangé de l'harissa en grande quantité sans savoir ce que c'était. Bien entendu, sa gorge se mit à lui brûler et tandis qu'il prenait la carafe d'eau tu lui arrachais des mains et tu la faisais voler en dehors de la table en lui hurlant "Bon dieu, malheureeuuuuux !!! Ne bois surtout pas d'eau !!! Bouffe du pain !" Tu nous mimais la scène si bien que nous nous attendions à voir la carafe d'eau voler à travers la cuisine sous les yeux calmes de Tatie Jacqueline. Tu te tenais alors la gorge en nous mimant une brûlure intense et en faisant des cris de douleur tout en ingurgitant du pain.
D'écrire tout cela, je mêle mes larmes à de grands éclats de rire.
Merci à toi Tonton.
Tu étais tel que tu étais et tu resteras, pour nous, notre Tonton Edmond que nous aimions.