lundi 8 octobre 2007

19ème jour










Jeudi 16 août :




C'est le petit matin. Rentrés très tard hier au soir, nous décidons d'utiliser la baignoire dans la chambre. C'est assez étrange de se laver dans sa chambre à coucher mais le bain moussant est plutôt relaxant et il fait vite oublier ce désagrément.
Nous descendons à la salle à manger pour le petit déjeûner. Comme à notre habitude nous engageons la conversation avec les autres touristes. Il y a un couple de québécois d'une soixantaine d'années. Ce sont nos voisins de chambre. Nous les avons entendu parler, tousser, ronfler pendant la nuit car les murs de cette vieille maison sont très fins. Un petit panneau indique d'ailleurs dans les chambres que les murs ont des oreilles. Ils habitent Repentigny dans la banlieue de Montréal. L'autre couple présent a une petite fille. Ce sont des français installés au Québec depuis quelques années. Ils résident à Montréal même. Ils nous racontent combien il est agréable de vivre dans la province à la fleur de lys et combien les gens sont gentils. Mais peu à peu, ils nous révèlent que la saison hivernale leur est assez difficile et que la communauté française de Montréal a le blues début mars quand l'hiver est encore bien présent ici alors que le Printemps s'intalle en France. D'après eux c'est une période critique de l'année qui donne envie à beaucoup de français exilés de quitter le Québec. Mais en mai, le Printemps arrive et ils n'ont plus envie de partir du Canada.
Nous les avons questionné également sur ce qu'ils n'aimaient pas ici : la réponse a été très rapide : le système de santé et la qualité des soins dans les hôpitaux. Selon eux, les hôpitaux n'auraient pas une bonne qualité d'hygiène comme celle exigée en Europe. Quant au système de santé, il est vrai que nous ne pouvons comparer notre Sécurité Sociale à leur système privé de remboursement de santé. Ils regrettent notre vieille sécu mais les informons qu'elle a bien changé et que cela n'est qu'un début.
QUe pensez-vous de ces constations vous autres québécois ?
Aujourd'hui c'est notre dernier jour en pleine nature. Nous allons en profiter au maximum et partir pour la journée entière. Direction le parc du Bic (http://parcdubic.com/) C'est un parc où l'on peut faire des randonnées et profiter de voir des phoques qui viennent par marée basse se reposer au soleil sur les rochers. Il ne faut donc pas rater la marée. Nous garons la voiture et empruntons des sentiers qui nous mènent au Cap Caribou. Là, des dizaines de phoques se prélassent sur leurs rochers. Nous restons un long moment pour les admirer. Ils ont l'air si paisibles. Une garde du parc, met à disposition une longue vue pour les voir de plus près. Elle explique qu'il ne faut en aucun cas s'en approcher même si l'on voit un petit phoque en difficulté car d'une part, ils mordent comme les chiens et d'autre part si l'on touche un bébé phoque, ses "parents" n'en voudront plus car il aura l'odeur de l'Homme.
Notre randonnée se poursuit et nous mène à une magnifique anse : la Anse aux Bouleaux. De là, comme l'eau du Saint-Laurent s'est retirée, nous pouvons nous rendre sans risque, à pieds et sans se mouiller sur l'île aux Amours. Nous en faisons le tour. Nous ne nous lassons pas d'admirer le paysage : des forêts épaisses d'un côté, le grand large de l'autre. Quand je dis grand large, nous sommes pourtant loin de l'Océan Atlantique et toute l'eau que nous voyons n'est qu'un fleuve ! Imaginez donc la grandeur de ce fleuve !
Il est l'heure de déjeûner. Nous reprenons notre voiture et nous enfonçons un peu plus dans le parc et pique niquons frugalement. Nous regardons notre plan et décidons de faire une longue randonnée qui nous mènera du camping, à la Ferme Rioux puis au Cap à l'Orignal. La Ferme Rioux a été transformée en un magasin d'art et de souvenirs. A l'origine cette ferme était habitée depuis plusieurs générations par la famille Rioux. Mais il y a quelques années, la batisse a été vendue et reprise par les Parcs Provinciaux. La promenade pour nous rendre au Cap à l'Orignal est longue. Au détour de nos pérégrinations, nous rencontrons de gentils écureuils, découvrons des fermes qui sont en restauration. Nous visitons l'une d'elle.
Outre les forêts très denses, nous sommes surpris de nous retrouver au milieu de champs de fleurs roses, violettes, de plus de deux mètres de haut. Nous ressentons à nouveau ce sentiment de gigantisme.
Et là, au détour d'une anse, la nature se transforme à nouveau. C'est un véritable paysage lunaire devant nos yeux, où l'on aurait juste rajouté de l'eau. L'atmosphère est fantastique. La météo change très rapidement et le soleil laisse place à des énormes nuages noirs qui rendent les lieux angoissants. Nous escaladons les rochers pour nous rendre de l'autre côté du Cap à l'Orignal. Nous sommes suivis par un couple d'allemands qui nous dépassent rapidement. Non pas du fait de notre lenteur, mais seulement du fait que nous faisons des photos. Cela prend du temps. Et puis d'abord ce n'est pas une course !
Nous entrons dans l'Anse à Mouille-Cul. Elle porte très bien son nom, car il commence alors à pleuvoir. Pour le moment ce ne sont que quelques gouttes. Nous rentrons dans une forêt épaisse. La pluie tombe soudainement en trombe d'eau. Heureusement, nous sommes protégés par les feuilles des arbres. Par souci de commodité, nous n'avions pas mis dans notre sac à dos nos coupe-vents ni même d'ailleurs la carte du parc. La pluie tombe toujours et semble doubler d'intensité. Très vite, les arbres ne nous protègent plus et commençons à être mouillés. Nous arrivons à une fourche. Nous avons rattrapé nos deux touristes d'Outre-Rhin qui consultent leur plan. Frédéric leur demande si, "bitte", il peut "einen Blick werfen auf" la carte du parc. "Danke schön". Nous prenons à droite, nous nous retournons et voyons les deux allemands partir à gauche. Qui à raison ?
Oui, bon, ça va, on sait tous que les allemands sont doués pour beaucoup de choses. Il faut rajouter sur notre liste, la course d'orientation !
Et c'est sans carte, ni boussole et alors encore moins avec l'aide d'un sextant (le ciel est noir) que nous nous dirigeons dans ce parc immense. Il pleut de plus en plus. Nous sommes entièrement mouillés. Nos habits nous alourdissent. Ni l'un, ni l'autre ne le reconnait pour le moment, mais nous craignons que la foudre ne se mette à tomber. Heureusement le ciel ne nous tombe pas sur la tête. C'est un orage sans éclair ni tonnerre. Nous décidons de nous mettre à courir. Au détour d'un virage nous espérons la fin du sentier mais ce n'est qu'une succession de chemins ! La pluie nous fouette le visage. Nous essuyons nos têtes de temps en temps avec nos mains mais cela ne sert pas à grand chose. Il fait froid. Nous arrivons à un endroit accidenté du parc et devons monter en courant sous la pluie, des dizaines de marches d'escaliers. Enfin, au loin se profile le camping puis la voiture. Nous attrapons dans le coffre nos serviettes de bains, rentrons dans la voiture, démarrons, mettons le chauffage à fond et nous séchons le mieux que nous pouvons. Nous éclatons alors d'un bon rire en nous regardant ainsi trempés !
Nous rentrons chez l'Irlandais pour nous changer et mettre des habits secs.
Le repas du soir se fera à Rimouski. Un peu de shopping dans les centre commerciaux auparavant. Rimouski est une ville, qui se trouve au bord du Saint-Laurent. Il y fait froid ce soir. Nous mettons nos polaires. Cette cité donne l'impression d'être le dernier endroit civilisé de la région. Une sensation d'avoir changé de saison nous saisit. L'hiver doit être rudement long et dur à Rimouski ! C'est étonnant, mais cette impression que nous ressentons semble nous informer que notre voyage est sur le point de se terminer.
Nous dégustons notre dernière poutine dans un Saint-Hubert après plusieurs minutes d'hésitation pour trouver notre restaurant.
Nous prenons la route tranquillement, à la nuit tombée, pour notre gîte afin de profiter d'un repos bien mérité.

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