samedi 6 mai 2023

La réalité malgache

Depuis que nous sommes arrivés à Madagascar, nous sommes confrontés à la réalité malgache que nous avions en tête mais dont nous sommes témoins en direct. Victorine et Jean-Claude vont nous permettre, sans rien nous cacher de mettre de côté l'image idyllique de cartes postales que nous avons pu vous proposer durant ces derniers billets. Un article de qualité a également été diffusé sur les ondes de la radio rfi (radio france internationale)  
Si vous êtes allés à Madagascar et que vous avez visité les îles de Nosy Be et de Sainte-Marie, vous avez été (presque) préservés car ces zones sont les deux endroits où le tourisme se développe. Malheureusement, l'arrivée de nombreux vazahas dans ces lieux fait grimper les prix et accentue la pauvreté de la majorité des habitants de ces deux îles. D'autre part, si la beauté des paysages est incontestable et recherchée par de nombreux touristes, cet attrait touristique attire essentiellement des hommes célibataires en recherche de prostituées. Les familles, pour sortir de la pauvreté, n'hésitent pas à prostituer leurs enfants qui gagneront en un soir le salaire mensuel d'un enseignant. 
Mais revenons à ce que nous avons constaté. 
Il y a à Madagascar de grandes rizières et ça tombe plutôt bien puisque le riz est la base de l'alimentation sur l'île. Sauf que le riz local par à l'étranger et les habitants se contentent d'un riz de piètre qualité, de plus en plus cher et importé de très loin.


C'est incompréhensible mais cet exemple du riz peut-être repris avec toutes les richesses dont Madagascar regorge : des forêts denses, des terres agricoles fertiles, des atouts touristiques incomparables. Et pourtant, depuis 1960, alors que le pays n'a jamais connu de guerre, le revenu par habitant à diminué de 45%. 
Même si des tentatives sont lancées, même si quelques entreprises étrangères ouvrent des ateliers et permettent d'employer de la main d'oeuvre locale, même si quelques initiatives locales sont lancées dans le privé, 90% de la population vit dans l'agriculture de subsistance !
On comprend mieux pourquoi nous voyons autant de gens sur les chemins et dans les champs.


Nous constatons surtout qu'aucun produit manufacturé n'est fabriqué sur place. Il n'y a aucune usine, aucune industrie. Les échanges se font entre villages voisins où les habitants vendent leurs récoltes, où ils vendent ce qu'ils ont fabriqué artisanalement avec les moyens du bord. Chaque malgache est livré à lui-même et ne peut absolument pas compter sur une quelconque aide gouvernementale. Car si dans nos sociétés, la pauvreté est belle et bien présente, nous sommes loin de cette pauvreté endémique en Afrique car chez nous, un panel très large d'aides existe. Sans doute insuffisant pour éradiquer de nos sociétés toute trace de pauvreté, sans doute inégalitaire, mais ces aides ont le mérite d'exister.


Se déplacer à Madagascar nous donne l'impression d'un bond dans le passé. Si les déplacements se font à pieds, certains plus riches, se déplacent en charrettes à zébus.


D'un autre côté, les déplacements sur la RN6 en 4x4 ne sont guère plus rapide à moins d'y laisser une partie de votre véhicule. Car même si les accidents sont rares, en tout cas pas à cause de la vitesse, les pannes, les casses ne se comptent plus.
Les échanges plus lointains sont de toute manière rendus quasiment impossible du fait de l'état déplorable des routes qui ne sont plus du tout entretenues mettant les moteurs des très rares camions que nous croisons à rude épreuve.


De timides débuts de travaux de réfection semblent avoir été lancés sur certaines portions de la RN6, sans doute engagés du fait de l'élection présidentielle prévue en novembre et décembre de cette année. Nous craignons que ce ne soit que de la poudre aux yeux, des pansements sur des plaies à vifs.
A chaque traversée de pont, on fait nos prières car ces ouvrages d'art on été construit pour nombre d'entre eux durant la colonisation !
En les traversant, on voit dans les rivières des scènes de la vie quotidienne. Des gens se lavent, nettoient leur linge ou leur vaisselle.


Les villages que nous traversons se ressemblent. Si les habitations sont faites en bois, certaines sont en tôles. Elles sont petites si bien que personne ne reste à l'intérieur et cela explique également la raison du pourquoi il y a tellement de gens dehors. 
La traversée de certains villages est plus compliquée que d'autres car les regards de la population sont difficiles à vivre. Nous pleurerons beaucoup après coup touchés émotionnellement par ce que nous y avons vu. Mais nous gardons surtout en tête les sourires des enfants, leurs coucous et leur volonté de nous parler quand ils en ont l'occasion. Les moins de 25 ans représentent en effet 64% de la population. Nous étions étonnés de ne pas voir de personnes âgées ou très peu, mais nous étions loin de savoir que l'espérance de vie à Madagascar est actuellement... de 57 ans !
C'est donc cette jeunesse qu'il faut aider pour parvenir à construire une société où tout le monde vivrait mieux, en arrêtant de se demander ce qu'il va manger demain. Il faut leur apporter des solutions concrètes en matière d'éducation pour leur permettre, non pas de partir vivre à l'étranger, mais de rester dans leur pays pour le construire. Des initiatives sont lancées mais il faut les poursuivre indéniablement, pour que ces enfants puissent créer par eux-mêmes leur société de demain. Le Père Pedro est l'une des figures qui permet cela ainsi que de nombreuses initiatives personnelles. Car si des millions de dollars d'aide sont pourtant envoyés chaque année à Madagascar, une partie infime est utilisée pour améliorer la vie quotidienne. Pour la grande majorité de cet argent, il disparait dans un système où l'Etat est défaillant, corrompu et où un petit nombre de l'élite malgache n'est absolument pas contrôlée. 
Ce constat nous a permis de lancer une grande réflexion pour savoir comment contribuer à mener à bien cet objectif, à notre tout petit niveau...
Pour le moment, nous poursuivons notre récit par l'arrivée dans la Réserve Spéciale d'Ankarana...

1 commentaire:

Annie a dit…

ils sont pauvre !! triste