vendredi 30 décembre 2022

16e Biennale de Lyon Art Contemporain au MAC Lyon

Le MAC Lyon est le Musée d'Art Contemporain de la ville ouvert en 1984 au sein du Musée des Beaux-Arts de Lyon.
Il déménage en 1995, dans la toute nouvelle Cité Internationale créé par l'architecte italien Renzo Piano (1937) en lieu et place du Palais de la Foire dont le MAC conserve toutefois la façade côté Parc de la Tête d'Or. C'est donc dans ce musée que nous nous sommes rendus mercredi après-midi pour poursuivre la 16e Biennale d'Art Contemporain.
Nous débutons la visite par le dernier étage du musée avec l'exposition Les nombreuses vies et morts de Louise Brunet. Nous sommes assez déconcertés car il y a énormément d'oeuvres accumulées et étonnement on semble assez loin de ce que l'on peut voir au MAC habituellement. On a presque l'impression de ne plus être confrontés à de l'art contemporain. 
Une partie de l'exposition parle de Lyon avec ces affiches venues d'une époque où l'on traitait les africains et autres peuples colonisés comme des bêtes de foire que l'on faisait vivre dans leurs cases au Parc de la Tête d'Or. Les Lyonnais venaient alors les voir comme ils le faisaient au zoo voisin lors de l'Exposition Coloniale de 1894. 
Ces expositions de ce type étaient courantes en France et en Europe pour montrer aux européens la diversité des peuples colonisés. Bien entendu, ces expositions sont à remettre dans le contexte de l'époque. 
La première de ces malheureuses Expositions Coloniales s'est tenue en 1866 en Australie, la dernière en Belgique en 1948.
1866, 1870, 1875, 1876 : Australie
1883 : Pays-Bas
1886, 1908, 1911, 1921, 1924, 1938 : Royaume-Uni
1889, 1894, 1896, 1898, 1906, 1922, 1924, 1927, 1931, 1937 : France
1902 : Indochine Française
1894 : Royaume du Portugal
1896 : Allemagne
1902 : Etats-Unis d'Amérique
1914 : Italie
1914 : Indes Orientales Néerlandaises
1915, 1929 : Corée Japonaise
1930, 1948 : Belgique
1934, 1940 : Portugal
1935 : Formose Japonaise
1936 : Union d'Afrique du Sud
1939 : Allemagne Nazie
A la veille de la Première Guerre Mondiale, Lyon accueille l'Exposition Internationale Urbaine de Lyon qui se tient au Grand Hall dans le quartier de Gerland, bâtiment connu sous le nom des Abattoirs de la Mouche conçus par l'architecte lyonnais Tony Garnier (1869-1948). Si la halle principale reste un abattoir jusqu'en 1967, en plus d'accueillir l'Exposition Internationale de 1914, elle abrite une usine d'armement durant le premier conflit mondial. En 1987, la Mairie de Lyon l'achète et la réhabilite en une salle de spectacles de 17 000 places connue de tous, la Halle Tony Garnier.
La Vierge de Fourvière est mise à l'honneur avec plusieurs tableaux,
tandis qu'un autre montre la Protection Divine contre la peste à Lyon. 
Après ce voyage lyonnais, nous l'avouons, nous sommes perdus car tout semble se mélanger.
Si l'on croise à nouveau; et on se demande bien pourquoi;  des statues que nous avons vues récemment au Chili,
nous perdons totalement le fil avec les autres oeuvres exposées dont nous postons ci-dessous les plus jolies.
Le seul fil que nous retrouvons est le fil rouge de cette biennale même si les personnages sont verts. Nous découvrons enfermés dans une caisse près d'une statue romaine l'un des membres du peuple de la mousse.
Les étages suivants prennent plus de sens car ils sont entièrement consacrés au Liban et à sa capitale Beyrouth.
Un bref retour sur l'Histoire de ce pays est nécessaire car pour les personnes de notre génération, nous n'avons connu le Liban qu'au travers des journaux télévisés et de la terrible Guerre Civile qui l' a touché. Le Liban devient indépendant le 22 novembre 1943. Très rapidement, le pays se modernise, développe son économie et ses infrastructures. Le Liban a tout d'un pays Occidental. De 1950 à 1970 il est même surnommé la "Suisse du Moyen-Orient". Les artistes sont nombreux et s'expriment librement. Une grande partie de l'exposition est dédiée à cet âge d'or. On découvre alors toute la richesse de l'art libanais.
Des photos, des objets, nous replongent également à Beyrouth entre 1950 et 1970.
Malheureusement pour les libanais, leur Histoire devient tragique et va conduire la population à la Guerre Civile de 1975 à 1990 poussant 1 000 000 de libanais à l'exil tandis que 250 000 vont mourir. 
Si des artistes se réfugient à l'étranger, d'autres restent dans leur pays. Les oeuvres proposées ne sont alors plus les mêmes et l'on note l'horreur dans la plupart d'entre elles. Malgré tout, elles sont d'une grande beauté et nous procurent beaucoup d'émotions.
Si la guerre prend fin et que la situation économique semble dans un premier temps nettement s'améliorer, les crises politiques et financières se succèdent. Le dernier drame mis en avant, ce sont les deux explosions, le 4 août 2020, qui ont ravagé le Port de Beyrouth en pleine pandémie mondiale de COVID-19. La catastrophe a tué 200 personnes et provoqué les blessures de 6 500 autres. 300 000 habitants ont également perdu leur logement. L'oeuvre est terrifiante car au milieu d'un cercle de télévisions, nous regardons les écrans de contrôle de caméras disséminées un peu partout dans la ville. A 18h08mn18s, toutes les caméras vacillent et l'horreur de la destruction apparait sous nos yeux. 
C'est tout chamboulés et pensant aux libanais qui ne parviennent toujours pas à se relever de ces drames, que nous souhaitons terminer avec la dernière oeuvre proposée pleine de couleur et qui nous laisse espérer un monde meilleur, pour le Liban et tous les pays frappés par la misère et la guerre.


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