dimanche 27 novembre 2022

El circuito W (partie 3)

Il a plu quelques gouttes pendant la nuit et les températures ont baissé mais cela ne met pas à mal notre motivation à poursuivre notre trek.
Pour aller voir le glacier, Glaciar Francès, nous devons faire un détour qui nous obligera à faire un aller-retour mais nous savons que cela en vaut la peine. Direction donc la Valle del Francès qui porte ce nom car le propriétaire de ces terres étaient à l'époque un français, un alsacien pour être plus précis du nom de Adrian Bader. Dans les années 1890 en effet, le Gouvernement a fait appel aux étrangers qui souhaitaient venir "coloniser" le Sud du Chili. Si de peu de Français sont venus, Adrian Bader faisait partie de ceux-là et depuis lors, une vallée, un glacier, une rivière et un mirador portent son origine. 
Nous profitons de ce billet pour mettre en avant la fleur du Norto; l'Arbre de Feu du Chili. 
La Valle del Francès nous permet de grimper et de nous éloigner de notre campement.
Nous passons d'ailleurs dans un autre abandonné depuis le début de l'année d'après nos sources sur Internet, El Italiano. Etrangement, le lieu semble être désert depuis bien plus longtemps. En le traversant, il donne l'impression d'un camp fantôme où il s'est déroulé un drame. D'ailleurs quelques panneaux invitent les touristes à ne pas camper et à ne pas boire l'eau aux alentours. Brrr, l'endroit fait froid dans le dos.
Vite nous sortons du bois pour traverser El Rio del Francès. 
Nous nous rapprochons du glacier 
tandis que derrière nous, 
au fond de la vallée, on voit le Lago Nordenskjöld.
Un géant de la forêt dépasse tous les autres arbres.
Nous alternons marche en forêt 
et en zone découverte. Parfois, nous nous retrouvons sur une ligne de crête où seule une allée d'arbres nous protègent de la falaise.
Encore quelques efforts,
et le Glaciar Francès est à notre portée.
De nombreuses avalanches ont lieu qui émettent de terribles grondements dans la vallée entière.
Ca y est, nous y sommes et pouvons faire une halte bien méritée.
Pour vous chers lecteurs qui n'étiez pas là, voici quelques photos de ce mastodonte glacé.
Si le bas du glacier est un mélange de roches, de glace et de neige qui donne une impression de saleté,
le sommet nous propose une blancheur impeccable. La montagne, el Cerro Paine Grande, le plus haut sommet du parc, culmine à 3 050 mètres d'altitude sur lequel s'étend le glacier qui fait partie d'El Campo de Hielo Patagonico Sur (le Champ de Glace Sud de Patagonie). Long de 350 km il occupe une surface de 16 800 km2 à cheval entre le Chili (14 200km2) et l'Argentine (2 600km2). Sur la carte ci-dessousn c'est la longue zone blanche.
Pour vous donner un ordre d'idée, la plus grande calotte glaciaire de notre planète est l'Antarctique suivie par le Groenland. Le troisième est ce Campo de Hielo Patagonico.
Ce que nous avons sous les yeux, c'est l'un des bouts de cette calotte glacière.
Nous sortons de nos rêveries pour rebrousser chemin et poursuivre notre longue randonnée pour notre nouveau campement. 
Derrière nous, le glacier et Los Cuernos semblent nous observer en nous souhaitant bonne route.
Il y a el Cuerno Principal (2 600m), el Cuerno Norte (2 400m), el Cuerno Mascara (2 300m), el Cuerno Este (2 200m), l'ensemble formant Los Cuernos del Paine.
La végétation est dense et l'on voit même les fleurs de calafate, les baies dont nous vous avions déjà parlé.
Nous comprenons subitement, au détour d'un virage pourquoi les autorités exigent que l'on dorme et l'on mange dans des endroits précis.
Près du Lago Skottsberg, qui porte le nom de l'explorateur Suédois, Carl Skottsberg (1880-1963), si Los Cuernos sont toujours là,
dans le sens de notre marche, nous découvrons un paysage tout autre.
Les arbres semblent avoir été pétrifiés et c'est une forêt d'arbres calcinés que nous traversons maintenant. Les températures ont été telles que les arbres vont rester à jamais dans cet état.
Nous sommes partagés sur les sentiments à avoir car ces paysages qui sont d'une grande beauté par leur désolation, sont le résultat de deux touristes inconscients qui ont provoqué de terribles incendies qui ont ravagé plus de 30 000 hectares du parc national en 2005 et 2011 provoquant également la disparition de centaines d'animaux pris au piège des flammes. 
Pensifs et énervés contre la bêtise humaine, nous poursuivons notre marche.
Une nouvelle montagne commence à nous apparaître, la Punta Bariloche (2 600m). Sa forme est plus agressive, plus pointue.
Notre dernier campement, Paine Grande est nettement plus grand puisqu'il accueille outre notre campement, 
un hôtel (les chambres sont à des tarifs exorbitants), une cafétéria et une épicerie. 
Il faut dire qu'à Paine Grande, il y a un port sur el Lago Pehoé. C'est en effet d'ici que l'on repart en bateau ou qu'on y arrive pour ceux qui font le W dans le sens inverse.
Le vent souffle fort ici et nous avons la chance de trouver un emplacement à l'abri de panneaux en faisant face à la Punta Bariloche.
Le soleil fait une timide apparition,
Après avoir pris nos douches, nous nous mettons à l'abri dans la salle de repas pour prendre le nôtre. Avant que l'on ait des remarques, si nous pouvions manger nos plats dans les sacs prévus pour, pour nos soupes, faute de gobelets, nous avions improvisé en les versant dans des bouteilles en plastique. C'est le système débrouille  😂
Nous nous octroyons toutefois un petit plaisir en buvant une bière en extérieur, bien habillés en pleine Patagonie.
Demain, notre dernière randonnée nous fera découvrir certainement l'un des plus beaux paysages qui nous ait été donné de voir...

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