samedi 26 août 2017

Vestiges soviétiques

Les soviétiques ont laissé de vilaines traces dans les mémoires des estoniens mais également des traces bien visibles du point de vue architectural encore aujourd'hui.
A peine avons-nous quitté l'enceinte du musée que nous tombons sur un genre de no man's land qui borde la Mer Baltique.
On pourrait imaginer là un joli chemin côtier pour admirer la mer mais quelque chose nous fait penser que les gens qui étaient ici ne devaient pas être libres de se promener comme bon leur semblait.
Pour preuve, la présence de fils barbelés tout le long de cette côte.
Nous venons d'entrer dans un enfer qui faisait trembler tous les estoniens : Patarei ou en français la forteresse maritime.
C'est le Tsar Nicolas I qui fit construire à cet endroit en 1820 une forteresse maritime gigantesque pour éviter toute invasion de l'Empire russe.
Mais la chute de l'Empire vint de l'intérieur avec la guerre civile qui conduit à la chute du Tsar Nicolas II en 1917 et l'arrivée au pouvoir des soviets menés par Lénine.
Une fois le pouvoir communiste installé, Patarei fut transformée en prison en 1920 qui se transforma vite en goulag.
Le KGB y fit alors régner la terreur jusqu'à l'indépendance de l'Estonie mais Patarei fut également une prison estonienne jusqu'en 2004 année de l'entrée de l'Estonie au sein de l'Union Européenne.
Voici ce que l'on voit de Patarei encore aujourd'hui.
Jusqu'à ce qu'il y a peu, il était possible de visiter les lieux où tout était quasiment resté en état comme le montre la vidéo suivante.

Mais la prison étant tellement délabrée qu'il est dorénavant interdit d'y entrer par souci de sécurité.
A une époque, les estoniens connaissaient tous quelqu'un de leur entourage qui fut arrêté et qui soit resté un certains temps dans ces murs.
Certains n'en sortaient jamais car ils étaient pendus et jetés à la mer depuis la côté où nous nous trouvons actuellement.
Des milliers d'autres furent torturés.
Aujourd'hui, les tags sur les murs, souvent pacifistes, apportent un peu de "liberté" au bâtiment.
Quelqu'un a même fabriqué un cœur avec les barbelés, cœur sans doute envoyé à toutes les victimes de la barbarie soviétique pour lesquelles nous avons une grande pensée.
Des projets de réhabilitations de Patarei sont à l'étude depuis de nombreuses années mais aucune n'a encore vu le jour.
Peut-être faudrait-il conserver cet endroit pour la mémoire, afin que les jeunes qui viennent aujourd'hui se baigner sur les plages toutes proches n'oublient pas ce que leurs aînés ont subi dans ces périodes où les nationalismes et la haine des autres ne cessent de croître ?


Le contraste est saisissant entre ce passé triste et gris et ce présent où des milliers de touristes viennent dans ce beau pays qu'est l'Estonie par ferrys.
Au loin, c'est la Tour de la Télévision.
Des artistes égayent les lieux avec le projet Slowball qui consistent à taguer des voitures pour mettre en avant l'art à la portée de tous en Estonie, en Finlande et en Suède.
Ici, l'artiste s'est défoulé sur une Lada Vaz construite durant la période soviétique.
C'est une belle manière d'utiliser des objets de ce passé d'occupation pour apporter de la poésie.
Car de la poésie, il n'y en a pas sur ce gigantesque édifice sombre qui bouche le vue.
Nous décidons d'aller le voir de plus près.
De loin, nous pensions à un énorme bunker ou pour les estoniens punker avec un p car la lettre b n'existe pas dans leur alphabet.
La construction est toute en béton et est complètement à l'abandon.
Il y a des escaliers partout.
Une recherche nous permet de comprendre l'utilité de cet immense bâtiment connu sous le nom de Linnahall.
Le Linnahall n'est pas très ancien car il a été construit en 1980 pour les JO d'été qui se déroulaient en Union Soviétique à Moscou.
C'est ici que ce sont tenues les épreuves de voile dans ce qui s'appelait alors le Palais de la Culture et des Sports Vladimir Ilyich Lénine.
Le bâtiment abrite une salle de concert de 4 600 places et une patinoire pouvant accueillir 3 000 personnes. Les soviétiques voyaient grand, sans doute trop car les lieux ont été peu à peu abandonnés. Depuis 2009 il n'y a d'ailleurs plus aucune activité dans le Linnahall qui semble tomber dans l'oubli même si depuis 2010, des projets d'hôtel et de casino ont été lancés. Ils s'installeraient dans les sous-sols. Rien n'a été fait depuis pourtant...
L'endroit semble fantomatique et pourtant il semblait grouiller de vie à sa construction.
Cette construction nous permet de nous imaginer ce que deviendraient nos villes laissées à l'abandon. Peu à peu, la nature recouvrirait l'ensemble.

La vidéo suivante trouvée sur Internet montre l'évolution du bâtiment de sa construction à son état actuel.
Il n'empêche que c'est depuis l'esplanade qui mène au Linnahall que nous avons une belle vue sur la ville moderne de Tallinn où pousse les gratte-ciels modernes.
Si vous avez bien regardé la vidéo, vous verrez qu'en 1980 seul le plus petit des gratte-ciels visible (à droite le premier, plus large que les autres et moins haut) sur la photo suivante existait. C'était l'hôtel Viru. C'était là qu'était accueilli tous les étrangers invités à venir dans la République Socialiste Soviétique d'Estonie, l'une des 15 Républiques de l'U.R.S.S.
Ce bâtiment construit en 1972 était haut de 22 étages. Enfin, un 23ème étage existait dans lequel le KGB avait installé tous ses systèmes d'écoutes car toutes les chambres étaient sur écoute ! Mais cet étage était secret jusqu'en 1991.
Depuis l'esplanade, nous avons également une belle vue sur la vieille ville où nous nous rendons maintenant...

1 commentaire:

plou a dit…

que dire de plus .......