L'arme secrète familiale

Dans de nombreuses familles lyonnaises et de la région, Mardi Gras est synonyme de confection de bugnes.
Les lyonnaises et lyonnais sont partagés sur la question de leur forme : pour certaines et certains, elles doivent être plates, pour d'autres au contraire, elles sont épaisses.
Dans ma famille, la bugne a toujours été épaisse.
Comme la tradition l'exige, mais avec un jour de retard et malheureusement en ce premier jour du Carême (je réciterai plusieurs Je vous salue Marie et plusieurs Notre Père pour me faire pardonner !), je suis passé en cuisine.
J'ai travaillé ma pâté réalisée hier au soir, grâce notamment à cet objet conservé précieusement (comme notre recette) dans ma famille depuis des siècles.
 
Bien sûr, vous allez dire : "qu'est ce qu'il nous raconte encore le gone ?
Des siècles !
Il n'exagère pas un peu ?"

Et bien non car, bande de chanceux, je vais vous raconter l'histoire de :

L'arme secrète familiale pour confectionner les bugnes
 
Je tiens tout d'abord à vous préciser que le nom de cette arme a été perdue au cours des siècles écoulés.
La faute à pas de chance, car son nom se perpétuait par oral, uniquement à la première fille de la famille. Malheureusement, pour nous, notre aïeule qui vivait à l'époque de Louis XIV était la seule fille d'une fratrie de dix-neuf enfants et elle était née... muette.
Et malheureusement pour elle et pour nous, elle mourut avant 1760, date à laquelle l'Abbé Charles Michel de l’Épée découvre la langue des signes !
Le nom de cet objet était perdu à jamais, mais notre famille le conservait et le conserve encore, tel un trésor.
Nous avons des traces de lui à plusieurs époques.

Le 1er août 1944, le voici débarqué avec les troupes de la Division Leclerc à Utah Beach en Normandie.
Il remettait les pieds en France après avoir entendu l'appel du Général de Gaulle et s'être rallié à la France Libre en Angleterre pour éviter de tomber aux mains des Nazis qui auraient pu s'en servir comme une arme absolue ! "Mein Got ! Nous zaurions bu fapriquer bleins de pugnes !"

On peut également parler de cet autre retour en France, grâce à notre illustre ancêtre grognard lors de la retraite de Russie.
L'objet a failli être perdu à jamais dans les steppes enneigées et les lacs gelés de Russie.
Grâce à lui, la compagnie de grognards de notre ancêtre réussit à fabriquer des bugnes.
Seuls les plus vaillants, et les plus gourmands, réussirent à s'échapper de cet enfer.

Durant la Terreur du 9 au 12 Thermidor de l'An II, notre objet échappa d'un cheveu à la décapitation. Mais alors que le bourreau allait exécuter son travail, il goûta l'une des bugnes confectionnée par notre ancêtre de l'époque et refusa de terminer sa sale besogne mettant à l'arrêt sa guillotine.

Et on pourrait citer comme cela des anecdotes durant toutes les périodes de notre Histoire mais je saurai être humble et ne pas montrer à la vue de toutes et tous l'illustre histoire de cet objet familial.

Je terminerai juste en vous donnant l'explication de son origine.

Il a été créé par les premiers membres de ma famille à l'époque de la Préhistoire qui se sont inspirés d'une autre invention : la roue.

Approchez-vous un peu plus de la photo de notre objet et vous remarquerez que la roue, délicatement striée, par mes ancêtres inventeurs et artistes, n'est pas tout à fait ronde.
On voyait que c'était un début.
Elle a été sculptée dans l'os du dernier tricératops vivant à l'époque et tué par inadvertance par mes ancêtres (nous nous en voulons encore d'avoir mis fin à cette espèce, mais ne le criez pas sur les toits, on pourrait avoir des problèmes et depuis lors, plus aucun membre de la famille n'est devenu chasseur !)
Le manche quant à lui est sculpté dans un bois inconnu.
L'arbre a sans doute disparu au cours des siècles.
Mais grâce à lui, nous pouvons depuis tout ce temps confectionner ces délicieuses bugnes épaisses mais tellement légères.
 

Alors, est-ce une légende ? ... ou pas !