jeudi 9 juin 2011

Cauchemar en cuisine

Je ne sais pas si vous avez vu cette émission sur M6 où un grand Chef vient en aide à des restaurateurs en difficultés ?
Et bien Frédéric et moi leur avons trouvé une très bonne adresse où nous avons malheureusement atterri.
En cette fin de journée de vendredi, la pluie orageuse, n'en finit pas de tomber. Il est pourtant l'heure de dîner.
Munis de nos coupe-vents, nous sortons affronter la pluie.
Mais il pleut abondamment, alors que nous n'avons pas vu une goutte de pluie depuis trois mois ! Nous apercevons entre les gouttes, un restaurant portant le nom de l'un des quatre points cardinaux. La carte semble sympathique, nous entrons dans une grande salle. Le patron des lieux nous accueille, les manches de chemises retroussées, l'air jovial. Il est un peu rouge de visage. Il nous indique où nous asseoir. A peine installés, un couple de retraités s'en va et remercie le maître des lieux pour sa cuisine, en affirmant qu'ils reviendront le soir suivant. Mmh, mmh, c'est un bon début.
Le patron, nous l'appellerons Monsieur Rougeot, nous apporte les cartes. Il y a une large variété de plats, ce qui, nous semble suspect car comment conserver autant de mets si les produits ne sont pas congelés ou d'origine industrielle ?
Bref, nous optons pour le plat du jour, qui devrait être selon nous, du "fait maison" : une assiette de charcuterie de la région puis un hachis parmentier de canard.
Oups, mauvaise nouvelle, nous apprenons sur un papier scotché sur les menus, que l'établissement est en panne de lecteur de cartes bancaires. Par sécurité, je demande à Monsieur Rougeot, s'il accepte les chèques restaurants. La réponse est catégorique : NON ! Ce sont les deux moyens de paiement en notre possession, je lui demande alors s'il y a un distributeur à billets non loin de là. Il répond cette fois positivement à ma question. Il ne reste plus qu'à tirer à la courte paille pour savoir qui ira affronter les éléments pour retirer un peu de liquide, autre que la pluie qui noie la ville. (je sais, j'ai raté une carrière d'humoriste !)
Faisons maintenant le descriptif de la pièce qui est très hétéroclite puisqu'on trouve des décors camarguais, mais aussi de la décoration espagnole, des affiches de films américains et... des décorations de Noël oubliées çà et là. Bizarre !
En ce qui concerne les clients, il y a un couple sans doute originaire d'Europe de l'Est d'après ce que j'entends, quatre italiens qui vont et viennent, car Monsieur Rougeot leur a fait comprendre, en français uniquement, qu'il risque d'y avoir de l'attente. Un couple de retraités semble être oublié dans un coin sombre de l'établissement. Un couple d'une quarantaine d'années, s'installe à son tour suivi de près par deux autres couples, l'un du même âge environ, l'autre que nous qualifierons de jeunes mariés. A tous, Monsieur Rougeot indique qu'il y aura de l'attente. Étant donné la pluie, personne ne rebrousse chemin. Et pourtant...
Depuis ma place, où nous attendons toujours notre assiette de charcuterie, j'observe la cuisine. Une femme, seule, semble assez désorientée. Ce doit être la cuisinière. Il semblerait qu'elle prépare les plats des clients.
En effet, nous réalisons que personne ne mange encore.
Soudain, les premiers plats arrivent sur une table.
Mais ce n'est pas la nôtre. Nous relevons alors une accalmie à l'extérieur, ce qui me pousse à sortir du restaurant pour aller chercher de l'argent au DAB le plus proche. Est-cette raison, ou est-ce pour retourner à la vie réelle ? J'ai honte, d'abandonner Frédéric dans cette situation, et je décide de faire vite. Je cours d'ailleurs dans les ruelles d'Arles pour aller et revenir. Bien entendu, lorsque je reviens, nos plats ne sont pas servis. Mais on avance, puisque une autre table a enfin reçu sa commande.
Soudain, Monsieur Rougeot apporte fièrement nos assiettes de charcuterie. Quelle déception : deux rondelles de saucisson, une tranche fine de jambon cru, comme on les trouve dans les supermarchés, et ce qui devrait être une terrine de taureau ressemble à la pâté du chat ? Le tout est presque entièrement caché par une énorme feuille de salade. Snif, snif ! Où est notre bon repas de midi ?
Soudain, depuis la cuisine, la "Chef" se met à hurler après Monsieur Rougeot pour qu'il fasse le service plutôt que de rester au bar. De mon coin de l’œil, je le vois siroter des pastis.
Une dame, américaine sans doute, s'installe à son tour. Elle ne restera pas longtemps, car elle est prévenue par sa voisine de table d'Europe de l'Est, qu'il est encore temps pour elle de partir. Les jeunes mariés la suivent de près car au bout d'une heure d'attente, ils n'ont même pas encore eu la carte des menus. Pendant ce temps, les italiens attendent toujours...
Notre parmentier de canard nous est servi, après que nous ayons eu grandement le temps de terminer la digestion de notre charcuterie. C'est un hachis parmentier quelconque, (nos mamans en font des bien meilleurs) accompagné d'une tentative de décoration que nous essayons d'apprécier en signe d'encouragement pour la cuisinière.
Le deuxième couple d'une quarantaine d'année ne s'est toujours rien mis sous la dent. Ils n'ont d'ailleurs plus de couvert et sont obligés d'en prendre sur une autre table car Monsieur Rougeot leur indique qu'il n'en n'a plus !
Sur ce, un jeune homme entre. Il semble être dans un état d'ébriété avancé et pourtant, cet homme qui nous demande si tout se passe bien, est un serveur venu aider le patron ! Quelle aide ! Il part derrière le bar et commence à vider les bouteilles de pastis !
Deux des clients italiens ont enfin leur salade. J'entends cependant, que ce ne sont pas les salades qu'ils ont commandées. Monsieur Rougeot, ne parlant pas italien mais comprenant parfaitement la situation, leur assure que ce sont bien leurs commandes. Les pauvres gens, affamés les mangeront pendant que les deux autres attendront leurs plats, peut-être attendent-ils encore ?
Une nouvelle erreur de conception de salade est faite en cuisine. Pas grave, Monsieur Rougeot à une solution : il la donne aux clients sans couverts, en leur disant que cela les fera patienter ! Ils sont effarés devant ce grand n'importe quoi.
Pour le dessert, nous n'avons pas le choix : il ne reste plus grand chose en cuisine, ce sera donc une sorte de crème.
Vite, vite, nous demandons l'addition, payons rapidement (en liquide) et quittons les lieux en jurant de ne plus jamais y remettre les pieds durant notre séjour.
Le cauchemar ne se termine pas là puisque pendant la nuit, Frédéric sera un peu malade.
Avant l'écriture de ce billet, je me suis renseigné sur Internet pour voir les avis donnés sur ce restaurant : ils semblent pourtant bons !

Il n'y a donc qu'une explication : nous avons sans aucun doute pénétré pendant ce très long repas, dans la Quatrième Dimension !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est pas un bouchon; quel horreur!